La nourriture va donner au lecteurs des indices sur votre monde de Fantasy, et peut aussi les rapprocher de vos personnages.C'est donc un point plus important de l'univers de votre roman qu'il n'y paraît au premier abord.
Pourquoi est-ce que c'est important pour votre monde de Fantasy ?
Puisque vous avez inventé un monde complètement neuf, pourquoi ses préoccuper de ce qu'on y mange ? On pourrait très bien manger du riz à tout les repas, en plein milieu d'un désert, non ?
Effectivement, on pourrait. Mais le riz poussant dans des rizières gorgées d'eau, il faudrait sans doute l'importer de loin. Ce serait cher. Tout le monde n'y aurait pas accès, et encore moins à tous les repas. A moins d'avoir une espèce génétiquement modifiée pour pousser dans le désert, mais dans un monde médiéval, ce n'est pas évident. Ou alors, c'est autre chose que du riz, mais vous l'avez appelé riz pour embrouiller le lecteur...
La nourriture est liée à énormément de choses. Elle dépend du climat, de la géographie. Elle crée des opportunités de commerce, ou peut provoquer des guerres. Mettre sous contrôle le stockage et la distribution de nourriture donne un pouvoir de vie et de mort. Comprendre tous ces liens dans le monde que vous avez créé vous permettra de créer un monde encore plus réaliste.
Le sucre
Beaucoup d'entre nous en peuvent pas imaginer un monde sans sucre. Nous en avalons chaque jour, pour tout et n'importe quoi, parfois même sans nous en rendre compte.
Mais le sucre n'a pas toujours été aussi facile d'accès. Il n'est apparu en Europe qu'au 12e siècle, importé d'Orient par les croisés. Au départ c'était un luxe, rare et importé de loin. Quand la demande a suffisamment augmenté, les plantations de cannes à sucre se sont développées, ce qui a boosté la demande d'esclaves pour faire tourner les plantations.
En créant votre monde, avec son climat, son histoire et sa flore, vous créez aussi une certaine vision de ce monde dans l'esprit de vos lecteurs. Par exemple, si vous créez un monde médiéval avec un climat semblable à l'Europe, vous créez un environnement où le sucre est rare, voir inexistant. Ce sera donc pas une ressource que tous les paysans mettent chaque matin dans leur café avant d'aller bosser. Au contraire, le sucre sera réservé à des cas particuliers, comme des banquets royaux.
Si votre monde est d'inspiration asiatique et que les champs y sont pleins à craquer de cannes à sucre, ce sera au contraire une ressource très commune, à laquelle tout le monde peu avoir accès. Et vous pourrez vous servir du manque éventuel de sucre dans des pays éloignés pour inventer tout un système de commerce lié à cette ressource, et même des complots et des guerres déclenchés pour mettre la main sur des territoires riches en cannes à sucre.
La viande
A part si votre monde est aussi moderne que le notre, il y a peu de chance que la viande se trouve dans un supermarché, bien coupé en tranche et emballé dans du plastique. Dans un monde fantasy, il y a plus de chance que chaque personne soit obligé de se procurer sa viande elle-même, ce qui la rend moins facile d'accès, et plus précieuse. De plus, vous n'allez pas tuer un chevreuil juste pour y couper un steak. Tout l'animal va devoir être utilisé au mieux. Sa peau, ses os, ses tendons vont servir à faire des habits, des cordes, des outils...
Pensez aussi au fait que les réfrigérateurs et les congélateurs n'existent pas. La viande ne peut donc pas être conservée facilement. Il faut la fumer ou la saler pour pouvoir la garder plusieurs semaines. Tout ça prend beaucoup de temps.
Le type de viande disponible va aussi dépendre beaucoup de la géographie et du climat. Des peuples côtiers vont certainement manger bien plus de poissons que de viande, parce que ce sera plus facile d'accès.
Le droit d'accès à la viande peut aussi être strictement règlementé. Sur notre propre monde, à l'époque médiévale, seuls les seigneurs avaient le droit de chasser le gibier. Les paysans pouvaient mourir de faim à coté d'une forêt giboyeuse, ce qui crée des situations de conflits utilisables dans un roman.
Les fruits et les légumes
Les fruits et les légumes sont souvent les éléments les plus faciles à trouver. On en trouve un peu partout et il suffit de se baisser pour les ramasser. Ici encore, le climat de chaque zone est essentiel pour définir quels types de fruits et de légumes peuvent y être trouvés. Si les pommes de terre poussent à peu près partout, ce n'est pas le cas des bananes qui ont besoin de chaleur et d'eau.
Quand la population augmente, elle aura besoin de plus en plus de fruits, de légumes et de céréales pour se nourrir. Et donc de plus en plus de terres arables. Et souvent ça se concrétise par des guerres de conquêtes pour voler les terres des voisins.
Des catastrophes naturelles, comme des inondations ou des sècheresses, peuvent détruire toute une année de récolte et causer de terribles famines. Les populations n'auront pas d'autres choix que de se déplacer ou mourir de faim. Là aussi, ça peut se finir en guerre.
Les herbes et les épices
Dans un monde qui ne les connaît pas, comme notre vieille Europe, les épices sont exotiques et coûtent beaucoup d'argent. Elles permettent de donner de nouveaux goûts aux aliments, et permettent d’impressionner des invités de marque. Le voyage pour les faire arriver de plus lointains pays est particulièrement long et très dangereux. Un chargement valant son pesant d'or, il attirera les convoitises des brigands.
En ce qui concerne les herbes, il en pousse des différentes dans chaque zone géographique. Elles peuvent avoir différentes propriétés, que ce soit pour la cuisine, leurs vertus médicinales ou même magiques. Les plus puissants magiciens peuvent faire venir certaines sortes d'herbes de l'autre bout du monde pour créer des potions spécifiques.
L'eau
Sans eau, pas de vie. Si un village s'est construit autour d'une source et que celle-ci se tarit, ses habitants n'auront plus qu'à l'abandonner. Si vous voulez abattre une ville assiégée, il suffit d'empoisonner ses puits.
La nourriture et la culture
La nourriture est une partie essentielle de la culture d'un peuple. Vous devez vous demander quel est la relation de votre peuple avec la nourriture.
Pour beaucoup de société, la nourriture est liée aux grands événements. De grands banquets vont être organisés à l'occasion de fêtes. C'est l'occasion pour tout le monde de manger des mets un peu plus recherchés et ne plus grande quantité. Pour les seigneurs, c’est l'occasion de montrer leur richesse et leur puissance en proposant des mets particulièrement rares.
Vous pouvez aussi faire avaler des herbes hallucinogènes pendant des rites, comme le passage au monde des adultes.
Mais certains plats peuvent aussi être interdits. Vous pouvez interdire la viande à des religieux ou à des mages, par exemple, ou faire mâcher une herbe étourdissante à des esclaves.
Comme vous avez pu le constater, la nourriture peut être un élément essentiel dans un monde de fantasy. Vous pouvez vous en servir pour rendre le monde plus riche et plus crédible, mais aussi pour créer des sources de conflits, qui vont faire avancer votre intrigue.
Et vous, avez-vous géré la nourriture comme un point important dans votre roman de fantasy, ou l'avez-vous complètement écartée ?
Pas un petit point sur l'alcool ? Je trouve bien dommage qu'en fantasy il y ait tant de bière de bue, quand dans des climats méditerranéens, le vin est facile à produire. Quant à l'hydromel, il est bien souvent oublié, pourtant c'est un vieil alcool... Il est à noter que l'alcool dans les temps médiévaux se buvait coupé d'eau, le but n'étant pas l'ébriété mais d'assainir l'eau. Et sans frigo, le lait se boit assez rarement...
RépondreSupprimerAutre remarque, je suis navrée de voir autant de pomme de terre dans les romans médiéval-fantastique. Certes, c'est du fantastique, ce n'est pas l'Europe du moyen-âge, mais je pense que l'immersion dans l'ambiance médiévale serait plus forte avec des légumes plus adéquats que les patates et le pain de maïs !
Sans compter que les patates, c'est quand même l'un des légumes que l'on mange le plus souvent (avec les tomates), question dépaysement, c'est quand même pas top...
Osez les navets, les panais, les scorsonères ou autres légumes encore plus oubliés. En plus, comme ça, le jour où vos lecteurs les croiseront à l'AMAP, ils repenseront à votre roman.
Un commentaire très intéressant qui complète parfaitement l'article. Merci !
RépondreSupprimerAutre point : la nourriture (notamment les fruits et légumes, la nourriture la plus courante) depend des saisons !
RépondreSupprimerD'une part, on ne trouve pas de tomates en hivers, en dehors des supermarchés.
D'autre part, c'est une source de logistique (gestion des provisions et des stocks, par exemple pour un voyage ou un village isolé) et de conflits (en cas de recoltes insuffisantes ou détruites).
Le sucre tel que nous le connaissons est récent. L'Europe médiévale utilisa longtemps le miel, dont d'ailleurs les propriétés antiseptiques étaient bien connues. On oublie volontiers que nos ancêtres au Moyen-Âge connaissaient peu de légumes, et très peu de fruits.
RépondreSupprimerLe sel, par contre, était une des denrées les plus précieuses, puisqu'il permettait de conserver les aliments. Les épices avaient également une immense valeur.
Pourquoi l'eau était-elle peu consommée ? Tout simplement parce qu'elle était à juste titre considérée comme malsaine, en raison des rejets liés aux activités humaines. Donc, nos ancêtres consommaient du vin léger. Ils n'aimaient en effet pas beaucoup la bière.