Les romans sont comme des maisons.
Les
maisons ont des pièces et des habitants. Les romans ont des chapitres
et des personnages. Les maisons ont de belles façades. Les romans ont de
jolies couvertures. Les deux demandent un
long moment à être construits, et le résultat final ne vaut rien s’il
ne repose pas sur de solides fondations.
En ce qui concerne les romans, les fondations sont formées par une belle intrigue bien structurée. A première vue, ça ne semble pas bien compliqué. Il suffit de laisser l’histoire se dérouler, non ? Cette façon de voir les choses semble effectivement la plus simple et la plus naturelle, mais elle ne garantira pas le succès de votre roman. Si vous analysez une poignée de best-sellers, vous verrez qu’ils ont été construits, brique par brique, selon un plan bien établi et une structure très solide.
Alors, comment pouvons-nous faire la même chose ?
La structure à éviter : la pyramide de Freytag
Qu’est-ce que c’est ?
Dans
ce type de structure, l’intrigue est divisée en 5 actes. L’histoire
commence par une courte explication du contexte, où tout se passe tout à
fait normalement. Un évènement (2e acte) va venir
bouleverser le cours des choses, et faire passer l’histoire dans la
partie « Action », où le personnage principal va devoir résoudre toute
une série de problèmes qui l’empêchent d’atteindre son but.
L’apogée de cette phase est le climax (3e
acte). C’est là, au milieu de l’histoire, que va se décider tout
l’avenir du héros. S’il réussit, tout ira de mieux en mieux. S’il rate,
ce sera de pire en pire. Ce climax est suivi par baisse progressive des
actions des personnages (4e acte), qui vont résoudre peu à peu les derniers conflits. Et enfin, le dénouement (5e acte), où le héros tire les leçons de tout ce qui s’est passé. Il s’en sortira profondément changé.
Pourquoi cette structure est à éviter ?
La
structure de Freytag a été créée pour étudier les tragédies grecques et
les pièces de Shakespear. C’est un bon exemple de ce qui marchait à
l’époque pour créer de grandes histoires. Malheureusement, elle ne
répond plus vraiment aux attentes d’aujourd’hui. Qui voudrait voir le
méchant battu au milieu d’un roman et lire ensuite des centaines
pages où l’action est remplacée peu à peu par les effets de
l’histoire sur la psychologie des personnages ?
La courbe de Fichtean
Ce
type de structure est une vision beaucoup plus dynamique de la
structure de Freytag. La partie d’explication du contexte est supprimée,
pour faire commencer l’histoire par des scènes d’actions. Dans la
suite, on n’assistera pas une montée progressive de l’action, mais à une
série de crises suivie de moment de calmes, puis d’autres crises, etc…
Le but étant de tenir continuellement le lecteur en haleine. Le climax
interviendra aux 2/3 du roman, pour laisser le reste à la résolution des
conflits restants et pour laisser le personnage revenir peu à peu à une
vie normale.
Pourquoi cette structure est efficace ?
En
emmenant le lecteur de crise en crise, vous allez tenir le lecteur en
haleine et le pousser à tourner les pages pour lire la suite. A peine
une crise achevée, en voilà une nouvelle : pas le temps de s’ennuyer.
Comme les personnages n’ont pas le temps de reprendre haleine, le
lecteur va être pressé de savoir comment ils vont finir par s’en sortir à
la fin.
Le Voyage du Héros
Voilà
une structure idéale pour les romans de fantasy ou de science-fiction.
Dans ce type de récit, le héros vit une vie tout à fait normale dans un
environnement qu’il connaît et maîtrise, jusqu’à ce qu’il reçoit
un « appel à l’aventure ». La plupart du temps, le héros va essayer
d’éviter cet appel jusqu’à ce qu’un mentor le pousse à l’accepter.
C’est à ce moment qu’il va entrer dans un nouveau monde qui va le
conduire dans toutes sortes de difficultés pendant qu’il va essayer de
combattre l’antagoniste. En général, le héros finit par vaincre le
méchant après être passé par une phase de transfiguration, assimilable à
une renaissance. Après la victoire, le héros va retourner à une vie
normale, dans le monde qu’il connaît, avec une vision des choses
complètement différente.
Pourquoi cette structure est efficace ?
Des
fantômes aux aliens, des licornes au Yeti, nous aimons tous imaginer
que le monde est plus riche que ce que nous voyons. Cette armoire au
fond du grenier ne serait-elle pas un passage vers un monde
fantastique ? Les égouts sous nos pieds ne conduiraient-ils pas vers un
monde souterrain peuplé de créatures minuscules et intelligentes ?
Le
Voyage du Héros permet au lecteur de s’identifier aux personnages et de
vivre dans ce type de monde, de donner vie aux fantasmes de notre
imaginaire.
In media res
En
latin, cette expression veut dire « Au milieu des choses ». Il s’agit
d’une structure narrative qui reprend le principe de Freytag, mais place
le lecteur en plein milieu de l’histoire dès le début du roman. Et
comme c’est le milieu de l’histoire, il s’est déjà passé pas mal de
choses avant, qui seront présentées dans la suite par des flashbacks.
Pourquoi cette structure est efficace ?
L’avantage
de ce type de récit, c’est que le lecteur est immédiatement au cœur de
l’action. Si vous vous y prenez bien, il sera aspiré en plein milieu
d’un vortex d’évènements. Son besoin de compréhension le poussera à
dévorer les flash-backs, pendant que les crises successives
l’entraîneront vers le climax sans qu’il s’en rende compte.
Et vous, quel type de structure avez-vous choisi pour votre roman ?
Très intéressant ! Le voyage du héros a une application cinématographique évidente : Starwars 4 (le tout premier) !
RépondreSupprimerD'où est tirée votre illustration du voyage du héros ?! Elle semble intéressante, mais pas très claire...
Oui, c'est un bon exemple de ce type de structure ! Cette illustration m'a été envoyée par un lecteur fidèle du blog qui avait des questions sur cette structure. C'est d'ailleurs ce qui m'a donné l'idée de ce billet.
RépondreSupprimerLe Voyage du héros est une structure très fouillée que je n'ai abordé que superficiellement dans cet article. Ça mérite sans doute un article supplémentaire.
Ah c'est bien expliqué :) ! Merci de votre travail !
RépondreSupprimerGrégoire