dimanche 3 janvier 2016

L'Elu dans l'écriture des romans de fantasy

L’Élu est l'un des clichés les plus éculés et les moqués dans la fantasy.  En effet, c'est l'un de clichés les plus répandus et il est si souvent utilisé pour faire des raccourcis désastreux que c'en est ridicule. Et pourtant, l'Élu n'est pas toujours synonyme de mauvais roman de fantasy. Quand il est bien utilisé, il peut donner un très bon résultat.

Je vais vous présenter ci-dessous quelques raisons qui peuvent donner à votre Élu un rôle tout à fait respectable.







1. Le fatalisme et le devoir
Commençons par modeler un Élu. Cet homme est extraordinaire. Il a été choisi par les dieux. Il est noble, courageux, sympathique. C'est un amant formidable, un mari fidèle, et un ami sur qui on peut toujours compter. Décidément, tous les dieux ont du se pencher sur son berceau pour qu'il soit aussi parfait. Voilà typiquement le type de personnage qui sera fermement rejeté par beaucoup de lecteurs aujourd'hui. Il est si parfait qu'il en devient irréaliste et comme je l'ai expliqué dans Forger des Personnages Inoubliables,c'est justement ce que vous devez éviter à tout prix.

Un Élu peut avoir des talents particuliers, mais il n'est pas obligé de les avoir tous. Laissez-lui quelques défaut pour le rendre humain et il n'en sera que plus intéressant !

Le statut d’Élu vous permet de donner des développements particulièrement intéressants à votre histoire. Imaginez-vous à sa place. Votre destin est déjà tout tracé. D'un coté, vous êtes un héros. De l'autre, vous êtes coincé. Vous ne pourrez jamais vous marier avec la jolie voisine ni gérer l'auberge de son père, puisque vous êtes condamné à épouser la princesse moche comme un pou et à crapahuter partout pour sauver le monde. Il y a de quoi se révolter, non ?

Ce n'est pas seulement un bon point de départ pour des conflits émotionnels dans l'esprit de l’Élu, mais ça va aussi toucher son entourage. Toutes les personnes qui l'entourent vont être touchées par son destin, entrainées dans son sillage, qu'elles le veuillent ou non. Chacune d'elle va avoir des occasions de s'opposer à ce destin.

Et que va penser l’Élu de son nouveau statut ? Va-t-il en profiter pour abuser de tous ceux qu'il va croiser et en tirer le maximum de profit ? Va-t-il avoir l'impression d'être à une place qui ne lui revient pas ? Sa façon de voir les choses, de se comporter avec les gens qui l'entourent, de se juger lui-même vont forcément évoluer.

Être l’Élu ne veut pas dire qu'on devient une meilleure personne. On devient juste celui qui endosse la responsabilité de faire certaines tâches. La façon de les faire n'a pas besoin d'être particulièrement noble ou héroïque. L’Élu n'est pas seul non plus, il peut ou doit s'appuyer sur des alliés.

L’Élu n'est pas un chevalier blanc poussé à avancer par son devoir et sa loyauté. Il est poussé par un destin écrit à l'avance, qui ne tient aucun compte de ce qu'il peut penser, et de sa façon de voir les choses. Et ce simple fait crée une myriade de possibilités d'enrichir profondément votre personnage.

Vous trouverez un bon exemple dans La Roue du Temps. Robert Jordan s'y sert habilement de ce destin qui s'abat sur un jeune homme qui n'a rien demandé.

2. La prophétie de l’Élu et les paradoxes temporels
 Dans Retour vers le futur, le docteur Emmet Brown expose à Marty McFly tous les paradoxes temporels que posent le voyage dans le temps. Les prophéties annonçant l'arrivée d'un Élu créent le même type de problèmes, et suscitent les mêmes questions. Est-ce que le cours de l'histoire est immuable ? Peut-on le modifier en faisant des choix différents ? Est-ce que tous les chemins possibles finissent par aboutir au même endroit ?

En tentant d'échapper à une prophétie, un Élu risque d'obtenir l'effet inverse et de la renforcer. C'est exactement ce qui est arrivé aux parent d’Œdipe et à Œdipe lui-même. En essayant  d'empêcher l'oracle de s'accomplir, ils n'ont réussi qu'à le concrétiser.

Et peut-on dire qu'une prophétie se réalise réellement elle-même, ou est-ce que sa simple existence suffit à pousser les hommes à la faire se réaliser ? En prophétisant qu'un héros apparaîtra et finira par libérer les gentils et punir les méchants, vous créez un espoir. Et ça peut suffire pour lever des armée autour d'une personne qui remplit plus ou moins les critères. Si vous obtenez la victoire, ce sera la preuve que la prophétie était vraie. Si c'est une défaite, ce sera parce que le véritable Élu n'est pas encore arrivé. En réalité, ce qui aura vraiment compté, c'est l'action des hommes qui auront fait se réaliser la Prophétie.

Une autre vision intéressante, c'est l'action que l'antagoniste se sent obligé de faire pour contrecarrer la prophétie. L’Élu est désigné ? Il va vouloir le tuer. Et en essayant, il va s'en faire un ennemi mortel. Est-ce la Prophétie qui a poussé l’Élu à se battre ou est-ce l'antagoniste qui l'y a forcé, en précipitant sa propre fin ?

3. Jouer avec le cliché
Rien de tel qu'un cliché usé jusqu'à la corde pour surprendre les lecteurs et donner une fantastique originalité à  votre histoire.

Une Prophétie peut avoir été inventée de toute pièce, l’Élu peut être un malandrin de la pire espèce, la Quête peut totalement échouer à la fin... Les possibilités sont innombrables. Dans Fils des Brumes, Brian Anderson se sert très habilement d'une Prophétie pour un retournement de situation magistral.


Comme vous pouvez le voir, l’Élu n'est pas un personnage à bannir définitivement parce que c'est un cliché éculé de la Fantasy. Faites travailler votre imagination débordante, et vous trouverez sans aucun doute une façon de l'utiliser à vos propres fins.

Et vous, avez-vous choisi d'éliminer totalement le principe  de l’Élu, et de faire de vos personnages des personnes comme les autres ? Ou allez-vous tenter de vous frotter à ce cliché pour le sublimer ?

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