jeudi 15 mai 2014

Comment écrire de bonnes scènes de bataille

Les scènes de batailles dans une fiction sont difficiles à écrire. Elles demandent beaucoup de recherches, mais aussi du savoir-faire. L'auteur doit transmettre des détails sensoriels instantanés, brosser un tableau de l'évolution globale de la bataille, et filtrer tout ça à travers la perspective du personnage, tout en captivant son lecteur. Une bonne scène de bataille est comme une danse magnifiquement chorégraphiée.

Anthony Ryan, auteur de La Voix du sang: Blood Song, T1, nous donne quelques conseils sur la façon d'écrire une bonne scène de bataille.
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 Une bataille est la représentation d'un conflit armé entre de multiples participants. Ou, plus simplement, des tas de gens qui se battent, en général sur un champ de bataille, si nous parlons de fantasy épique. Mais, bien sur, il n'y a pas qu'un seul type de scène de bataille, et pas qu'un seul type de livre. Il y a des batailles terrestres, des batailles maritimes, et des batailles dans l'espace. Il y a des sièges, des embuscades et des escarmouches. Il y a des fusillades, des combats à l'épée, des rixes et un mélange de toutes les formes de combat qu'on peut imaginer. Ce que je veux mettre en avant, c'est que les scènes de bataille ne sont pas limitées à un genre de livre ou à une période de l'histoire. Cependant, pour qu'une scène de bataille fonctionne, un écrivain compétent doit utiliser certains éléments clés.

Pour commencer, les batailles sont un des aspects de la guerre, et la guerre est une affaire mortelle. Les vraies batailles tuent des tas de gens, et les batailles de fiction seront plus efficaces et plus spectaculaires en tenant en compte de ce fait basique. L'histoire humaine offre une riche palette d'éléments concernant tous les aspects des batailles, des plus importants aux plus banals détails de la logistique, jusqu'au chaos et à la terreur du combat en lui-même. Plus l'auteur s'implique dans ces réalités, plus la scène de bataille sera crédible. Par exemple, dans la série de roman Sharpe, de Bernard Cornwell, nous apprenons comment le génie militaire tant vanté du Duc de Wellington s'appuyait principalement sur le fait que ses habits rouges pouvaient tirer trois coups à la minute avec leurs mousquets Brown-Bess, alors que les français arrivaient rarement à en tirer deux.

A ce jour, mon travail s'est concentré sur la bataille de fantasy épique, une caractéristique commune du genre. Les batailles de fantasy épique sont des affaires médiévales typiques, riches en coups tranchants et en martèlement de sabots. La plupart des batailles réelles de la période médiévale étaient dépourvues de sophistication tactique et duraient rarement plus d'une heure, ce qui les rend relativement faciles à décrire, en comparaison du carnage prolongé des champs de bataille modernes.

En ce qui concerne les mécanismes d'écriture de bataille, je trouve qu'il y a deux approches principales. La vision extérieure, du spectateur, et celle du participant direct. La Voix du sang: Blood Song, T1 , mon premier livre, utilise un seul point de vue, ce qui signifie que la position du personnage devient un facteur clé.  A un moment donné, en plaçant mon personnage principal sur une colline et en lui donnant un rôle relativement faible dans la bataille elle-même, j'en ai fait un témoin du spectacle. Quand vous décrivez une bataille du point de vue du spectateur, essayez d'éviter la surexploitation de jargon. Trop de références à des termes comme "les flancs" ou "la tenaille" risque de vous aliéner des lecteurs qui ne sont pas familiers avec l'histoire militaire. Le mot clé à retenir est la clarté. Les vraies batailles sont très confuses, mais ça ne veut pas dire que vos lecteurs doivent être laissés dans un état de perplexité. Le flux et le reflux du conflit doivent toujours être aussi clairs que possible, même si ça signifie sacrifier votre parfaite description de la meilleure formation pour faire avancer des piquiers.

La bataille décrite par le participant direct est plus difficile à écrire mais aussi vitale pour donner le maximum d'impact spectaculaire à votre scène. Placer votre personnage au cœur de l'action requiert une solide maitrise du rythme et des descriptions. D'interminables paragraphes décrivant un unique combat d'épée sont susceptibles de pousser votre lecteur à sauter la scène. En outre, le combat est une expérience très forte, alors ne négligez pas le bruit et l'odeur de la bataille, ni ce qui peut être plaisant.

Ces deux approches ne sont pas exclusives. Un spectateur peut devenir un participant direct, et vice-versa. Dans La Voix du sang: Blood Song, T1 , mon personnage principal est un témoin pendant la première moitié de la bataille, avant de se lancer à corps perdu dans l'action grâce à une charge de cavalerie. Après quoi il affronte ce qui est peut-être l'évènement le plus important dans le livre. Ça nous amène à ce qui est le plus important dans la construction d'une scène de bataille. En fin de compte, une bataille doit jouer le même rôle que toute les autres scènes de votre histoire, c'est-à-dire révéler quelque chose sur les personnages ou faire avancer l'intrigue, ou les deux. Sinon, tout ce que vous aurez, c'est un groupe de personnes qui se battent sans aucun bonne raison, peu importe de quel spectacle sanglant vous barbouillez la page.
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L'article original, en anglais, se trouve ici : http://blog.bookcountry.com/writing-effective-battle-scenes-epic-fantasy-author-anthony-ryan/

1 commentaire:

  1. Je n'ai pas encore écrit de scène de grande bataille mais il y en aura une à la fin du roman sur lequel je travaille. Merci pour ces pistes de réflexions. :-)

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