lundi 10 août 2015

Trois manières de structurer vos romans

Les romans sont comme des maisons. 

Les maisons ont des pièces et des habitants. Les romans ont des chapitres et des personnages. Les maisons ont de belles façades. Les romans ont de jolies couvertures. Les deux demandent un long moment à être construits, et le résultat final ne vaut rien s’il ne repose pas sur de solides fondations.

En ce qui concerne les romans, les fondations sont formées par une belle intrigue bien structurée. A première vue, ça ne semble pas bien compliqué. Il suffit de laisser l’histoire se dérouler, non ? Cette façon de voir les choses semble effectivement la plus simple et la plus naturelle, mais elle ne garantira pas le succès de votre roman. Si vous analysez une poignée de best-sellers, vous verrez qu’ils ont été construits, brique par brique, selon un plan bien établi et une structure très solide.

Alors, comment pouvons-nous faire la même chose ?

La structure à éviter : la pyramide de Freytag

Qu’est-ce que c’est ?  
Dans ce type de structure, l’intrigue est divisée en 5 actes. L’histoire commence par une courte explication du contexte, où tout se passe tout à fait normalement. Un évènement (2e acte) va venir bouleverser le cours des choses, et faire passer l’histoire dans la partie « Action », où le personnage principal va devoir résoudre toute une série de problèmes qui l’empêchent d’atteindre son but.

L’apogée de cette phase est le climax (3e acte). C’est là, au milieu de l’histoire, que va se décider tout l’avenir du héros. S’il réussit, tout ira de mieux en mieux. S’il rate, ce sera de pire en pire. Ce climax est suivi par baisse progressive des actions des personnages (4e acte), qui vont résoudre peu à peu les derniers conflits. Et enfin, le dénouement (5e acte), où le héros tire les leçons de tout ce qui s’est passé. Il s’en sortira profondément changé.

Pourquoi cette structure est à éviter ?
La structure de Freytag a été créée pour étudier les tragédies grecques et les pièces de Shakespear. C’est un bon exemple de ce qui marchait à l’époque pour créer de grandes histoires. Malheureusement, elle ne répond plus vraiment aux attentes d’aujourd’hui. Qui voudrait voir le méchant battu au milieu d’un roman et lire ensuite des centaines pages où l’action est remplacée peu à peu par les effets de l’histoire sur la psychologie des personnages ?



La courbe de Fichtean
Ce type de structure est une vision beaucoup plus dynamique de la structure de Freytag. La partie d’explication du contexte est supprimée, pour faire commencer l’histoire par des scènes d’actions. Dans la suite, on n’assistera pas une montée progressive de l’action, mais à une série de crises suivie de moment de calmes, puis d’autres crises, etc… Le but étant de tenir continuellement le lecteur en haleine. Le climax interviendra aux 2/3 du roman, pour laisser le reste à la résolution des conflits restants et pour laisser le personnage revenir peu à peu à une vie normale.
 
Pourquoi cette structure est efficace ?
En emmenant le lecteur de crise en crise, vous allez tenir  le lecteur en haleine et le pousser à tourner les pages pour lire la suite. A peine une  crise achevée, en voilà une nouvelle : pas le temps de s’ennuyer. Comme les personnages n’ont pas le temps de reprendre haleine, le lecteur va être pressé de savoir comment ils vont finir par s’en sortir à la fin. 



Le Voyage du Héros
Voilà une structure idéale pour les romans de fantasy ou de science-fiction. Dans ce type de récit, le héros vit une vie tout à fait normale dans un environnement qu’il connaît et maîtrise, jusqu’à ce qu’il reçoit un « appel à l’aventure ». La plupart du temps, le héros va essayer d’éviter cet appel jusqu’à ce qu’un mentor le pousse à l’accepter. C’est à ce moment qu’il va entrer dans un nouveau monde qui va le conduire dans toutes sortes de difficultés pendant qu’il va essayer de combattre l’antagoniste. En général, le héros finit par vaincre le méchant après être passé par une phase de transfiguration, assimilable à une renaissance. Après la victoire, le héros va retourner à une vie normale, dans le monde qu’il connaît, avec une vision des choses complètement différente.

Pourquoi cette structure est efficace ?
Des fantômes aux aliens, des licornes au Yeti, nous aimons tous imaginer que le monde est plus riche que ce que nous voyons. Cette armoire au fond du grenier ne serait-elle pas un passage vers un monde fantastique ? Les égouts sous nos pieds ne conduiraient-ils pas vers un monde souterrain peuplé de créatures minuscules et intelligentes ?
Le Voyage du Héros permet au lecteur de s’identifier aux personnages et de vivre dans ce type de monde, de donner vie aux fantasmes de notre imaginaire.



In media res
En latin, cette expression veut dire « Au milieu des choses ». Il s’agit d’une structure narrative qui reprend le principe de Freytag, mais place le lecteur en plein milieu de l’histoire dès le début du roman. Et comme c’est le milieu de l’histoire, il s’est déjà passé pas mal de choses avant, qui seront présentées dans la suite par des flashbacks.

Pourquoi cette structure est efficace ?
L’avantage de ce type de récit, c’est que le lecteur est immédiatement au cœur de l’action. Si vous vous y prenez bien, il sera aspiré en plein milieu d’un  vortex d’évènements. Son besoin de compréhension le poussera à dévorer les flash-backs, pendant que les crises successives l’entraîneront vers le climax sans qu’il s’en rende compte.



Et vous, quel type de structure avez-vous choisi pour votre roman ?

3 commentaires:

  1. Très intéressant ! Le voyage du héros a une application cinématographique évidente : Starwars 4 (le tout premier) !

    D'où est tirée votre illustration du voyage du héros ?! Elle semble intéressante, mais pas très claire...

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  2. Oui, c'est un bon exemple de ce type de structure ! Cette illustration m'a été envoyée par un lecteur fidèle du blog qui avait des questions sur cette structure. C'est d'ailleurs ce qui m'a donné l'idée de ce billet.
    Le Voyage du héros est une structure très fouillée que je n'ai abordé que superficiellement dans cet article. Ça mérite sans doute un article supplémentaire.

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  3. Ah c'est bien expliqué :) ! Merci de votre travail !
    Grégoire

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