mercredi 15 janvier 2014

Conseils d'écriture de Peter V. Brett pour écrire un roman de fantasy

Cette interview date du 25 janvier 2013.

Peter V Brett y explique sa façon de préparer ses romans, notamment la création d'un plan très détaillé, qui est peaufiné avant de commencer l'écriture du manuscrit.

On y trouve aussi une explication sur l'intérêt d'utiliser différents points de vue, et l'impact qu'ont les points de vue choisis sur l'image des personnages qu'aura le lecteur.

L'original, en anglais, en ici : http://harpervoyagerbooks.com/2013/01/25/qa-with-peter-v-brett/




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1. Où trouvez-vous votre inspiration pour écrire ?
Partout. Ma propre expérience de vie, les BD, les livres, la musique, les films et les émissions télé que j'aime, les gens que je connais, etc... C'est la nature de l'art. Nous absorbons l'art des autres, le filtrons avec notre notre propre expérience, et créons quelque chose de neuf avec cet argile.

2. Combien de temps passez-vous à écrire chaque jour ?
Ça dépend. Quand je suis dedans et concentré, j'écris autour de 1000 mots par jour. D'autres fois, quand je suis en tournée promotionnelle ou occupé par autre chose, je peux passer des semaines frustrantes sans aucun progrès significatif. Je suis devenu une petite entreprise à bien des égards, et à ce stade, plus de la moitié de mon temps de travail y est consacré. Mon assistante, Meg, a été d'une grande aide pour ça, me soulageant de différentes façons pour faire de 2013 une année beaucoup plus productive que les années précédentes.

3. Avez-vous un plan pour vos personnages quand vous commencez à écrire, ou est-ce que ça évolue pendant que vous écrivez ?
J'ai une approche méticuleuse de la structure de l'histoire, probablement beaucoup plus que la plupart des autres écrivains. Quand j'ai commencé à écrire, j'écrivais librement, c'est à dire que je m'asseyais et commençais à écrire, construisant l'histoire au fur et à mesure. Je notais des idées sympas quand j'en avais, mais la plupart du temps, je laissais l'écriture m'emmener où elle voulait.

C'était une approche effroyable. Beaucoup d'écrivains à succès écrivent librement, mais dans mon cas ça fait vagabonder l'histoire loin du fil de la narration, lui fait perdre sa tension. En regardant en arrière, ce n'est pas étonnant que personne ne s'intéressait aux livres que j'écrivais de cette façon. Pour tout ce qu'ils contenaient de bon, il y avait de profondes failles.

Depuis, j'ai commencé à écrire avec ce que j'appelle une feuille d'étape. Il s'agit d'une description détaillée de tous les chapitres, sous forme de listes qui décrivent chronologiquement tous les évènements pertinents, les évènements historiques, la création du monde, la motivation des personnages, et quelques dialogues que je veux inclure. Je fais ça pour le roman en entier, souvent avant d'avoir écrit le moindre paragraphe du manuscrit. Ça me permet de revenir en arrière et de voir l'histoire dans son ensemble, bougeant des parties pour doper le récit, sans avoir à réécrire des tonnes de pages. Seulement quand ce squelette est aussi solide que de l'adamantium, je commence à y ajouter de la viande.

C'est un processus long et ardu. Par exemple, la feuille d'étape de La Guerre du Jour faisait plus de 200 pages, sur un fichier complètement différent des 850 pages du manuscrit du roman final. Pourtant, j'ai l'impression que c'est un processus qui donne toujours le résultat que je veux, alors je ne peux pas me plaindre même si ça veut dire que j'écris plus lentement que les autres auteurs. Je pense à l'histoire de la cigale et de la fourmi et je fais ce qui marche pour moi.

Pourquoi choisissez-vous de suivre les points de vue de différents protagonistes dans chaque chapitre ?
Il est intéressant de noter que le manuscrit original de L'Homme Rune était construit entièrement sur le point de vue d'Arlen, et il rencontrait pour la première fois Rojer et Leesha lorsqu'il les a secourus sur la route. Ça ne fonctionnait pas, et raconter l'histoire entière devenait très difficile. Donner les points de vue de Leesha et Rojer fut, je pense, ce que fit vraiment fonctionner le livre. L'histoire de Leesha, en particulier, a décollé. Elle l'a pratiquement écrite elle-même.

Avec la Lance du Désert, je voulais m'éloigner un moment de ces personnages pour parler de l'autre partie de l'histoire. Je sais que les gens voyaient Jardir comme un méchant, mais ce n'était qu'une impression superficielle, en voyant quelques actions sorties de leur contexte. Raconter toute son histoire ne se contente pas de le défendre, mais jette aussi une ombre sur quelques actions d'Arlen.

Dans La Guerre du Jour, Inevera subit le même traitement. Mystérieuse et terrifiante  dans La Lance du Désert, nous retournons une fois de plus en arrière et apprenons sa vie en détail. Je pense qu'à la fin elle pourrait être le personnage préféré de tout le monde. 

5. Est-ce que vous tirez de l'inspiration d'évènements historiques réels ?
Tout le temps. Je suis tout le temps en train de lire les infos, et j'étudie beaucoup de vieux livres en écrivant mes romans, ce qui inclut L'Art de la Guerre de Sun Tzu, Le Traité des Cinq Anneaux de Miyamoto Musashi, l'histoire du Roi Leonidas de Sparte contre Xerxes pendant la guerre de Sparte, la conquête de l'Afrique par Chaka Zulu, et le shogunat Tokugawa. J'ai fait aussi des recherches conséquentes sur les religions du monde, mais ça a toujours été un de mes hobbys. J'ai une collection qui se développe de Men-At-Arms, et des livres de guerriers des éditions Osprey, qui sont de superbes références pour les armes et les armures historiques. J'utilise aussi sans arrêt Wikipedia pour répondre rapidement à mes questions.

J'aime la fantasy parce que ça donne aux écrivains l'opportunité de se servir de facettes intéressantes de l'histoire et de la culture du monde réel, sans avoir à adhérer trop strictement aux évènements réels. Chaque culture dans le monde a sa propre mythologie qui la définit de nombreuses façons. C'est quelque chose qui m'a toujours fasciné.

 6. Y-a-t-il un langage des runes ? Ont-elles un son et peut-on les parler ? 
Non, bien qu'il y ait des grimoires pour les cataloguer avec leurs effets. Beaucoup de runes ont eu une signification perdue au cours du temps.

 7. Est-ce que devenir auteur vous a fait vivre des expériences auxquelles vous ne vous attendiez pas ?
 Tellement. Être publié est déjà assez surréaliste, mais voir les choses folles que font fans pour les concours créatifs de mon blog est stupéfiant. Avant d'être publié, j'ai à peine quitté les US, et encore seulement pour la Grande Bretagne et le Canada. Maintenant, je suis allé au Portugal, en Pologne, en France, en Australie, en Allemagne et partout aux États-Unis. Ajouter des tampons sur mon passeport a été incroyable. J’espère visiter un jour chacun de 20 et quelques pays où je suis publié.

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