dimanche 26 janvier 2014

10 règles que les écrivains de Fantasy et de SF devraient enfreindre

La Science-Fiction et la Fantasy sont des genres où à peu près n'importe quoi peut arriver, à condition que l'auteur peut le rendre plausible et que ça fait parti d'une bonne histoire. Mais ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas de règles. En réalité, ces genre sont si largement ouverts qu'il y a des tonnes de règles, certaines non-dites et d'autres écrites noir sur blanc.

Et parfois, enfreindre ces règles est le seul moyen de raconter une histoire vraiment fascinante. Vous trouverez ci-dessous 10 règles de Science-Fiction et de Fantasy que plus d'auteurs devraient penser à enfreindre de temps en temps.
Note : Nous ne disons pas que vous devez enfreindre ces règles. Vous pouvez créer un brillant ouvrage de fiction en suivant toutes ces règles. Et la plupart d'entre elles existent pour une raison. Si vous les brisez sans savoir ce que vous faites, vous pouvez totalement vous planter. Certaines des règles ci-dessous ont prouvé leur efficacité. Mais trop de règles peuvent aussi tuer la créativité, et parfois il est bon de transgresser quelques lois.

1. Pas de troisième personne omnisciente (voir un article sur l'utilisation des points de vue)
La troisième personne omnisciente est le mode par défaut utilisé par bien des auteurs. Un tas de fictions littéraires comme de romans de science-fiction sont écrits à la troisième personne omnisciente. Ça veut dire, en résumé, que le narrateur sait tout ce qui passe par la tête de tous les personnages et peut papillonner un peu partout, en fonction des demandes de l'histoire. Dans les dernières années, les écrivains de fiction ont opté pour la première personne ou une troisième personne limitée, dans laquelle une seule personne à la fois sert de point de vue.
Mais même les récit avec des points de vue omniscients peuvent être fantastiques. Vous devez lire le Guide du Voyageur Galactique de Douglas Adams, qui vous laisse découvrir librement ce que pensent Arthur Dent, Ford Prefect et un assortiment d'autres personnages. Et il y a d'innombrables auteurs de Science-Fiction classique à lire pour ce sujet.
Mais je veux aussi présenter un autre argument. Tout ceux qui pensent sérieusement à écrire de la fiction devraient lire Henry Filding, qui a fait du point de vue omniscient une forme d'art. Dans des romans comme Joseph Andrews et Tom Jones, Fielding brosse de brillants tableaux, où il s'arrête pour montrer ce que tout le monde pense, et comme tout le monde est à contre-courant. Ça l'aide à être un observateur aigu des personnes, et aussi à créer des scènes superbement drôles.

2. Pas de prologues (voir un article sur l'écriture des prologues)
C'est une chose que j'ai entendu depuis plusieurs années. Certaines agents et éditeurs expliquent qu'ils arrêtent immédiatement de lire un manuscrit s'ils voient un prologue. Mais les prologues ont leur utilité, surtout si vous voulez créer une ambiance, ou expliquer quelques points cruciaux de l'historique avant de commencer à introduire les principaux personnages. Comme la plupart des autres points de cette liste, les prologues peuvent être très bien, ou peuvent être horribles. Heureusement, nous n'avons pas à aller bien loin pour penser à un prologue bien fait : G.R.R. Martin commence chaque tome du Trône de Fer avec un prologue, et on comprends tout de suite pourquoi ces prologues sont là. Ils aident à planter le décor des conflits de chaque tome, au travers de l'expérience d'un personnage jetable (littéralement).

3. Évitez les fleuves d'informations
Comme sa cousine "Montrez, ne racontez pas", cette injonction peut être une bonne idée mais peut aussi vous poser des problèmes. Parfois, les descriptions peuvent être des fatras horribles d'informations sur l'histoire du monde, ou de longues explications technologiques, qui vont étouffer votre pauvre lecteur. Mais d'autres fois, des écrivains peuvent passer par des chemins si pénibles et si longs pour éviter d'avoir à expliquer quelque chose, que c'est encore pire.  Citons par exemple des dialogues artificiels, ou des moments propices à l'apprentissage, pour transmettre quelques éléments sur le Monde, avec pour effet un ralentissement de l'histoire.
Avez-vous remarqué que lorsque les écrivains classiques taclent la Science-Fiction ou la Fantasy, ils incluent des fleuves interminables d'informations ? Peut-être que c'est parce qu'ils ne sont pas familiers avec ce type de romans, et tombent ainsi dans des routines que beaucoup de vrais écrivains de Science-Fiction et de Fantasy évitent. Mais peut-être aussi qu'ils ont juste raison. Parfois, il faut simplement expliquer quelque-chose, et que ce soit aussi indolore que possible.

4. Les romans de Fantasy doivent être des séries
Nous aimons lire une bonne trilogie (ou décalogie) épique comme la plupart des drogués de Fantasy. Mais parfois une bonne histoire en un seul volume est aussi extrêmement bienvenue. Et c'est un domaine où la Science-Fiction semble avoir un léger avantage sur la Fantasy. On trouve des séries tentaculaires dans les deux genres, mais la Science-Fiction engendre parfois de très bons romans un un seul volume. Il y a beaucoup de choses à dire pour obtenir une histoire satisfaisante en un seul volume, et le superflu doit être supprimé, le rythme sera donc plus soutenu.  Et les personnages peuvent être entièrement développés si on ne doit pas garder des surprises pour les prochains volumes, ce qui les rendra plus riches.

5. Pas de Portail Magique
On retrouve des Portails Magiques en Science-Fiction et en Fantasy, même s'ils sont plus utilisés pour la Fantasy. Dans ce type de livre, quelqu'un de notre monde découvre un chemin vers un autre monde, qu'il va explorer. Le lecteur découvre donc ce nouveau monde à travers ses yeux. Cette notion est éprouvée et Lev Grossman l'a arpentée en long et en large dans Les Magiciens, où Brakebills et Fillory sont des mondes étrangers que Quentin visite à partir du monde réel, à l'aide de nombreux portails. Beaucoup de gens disent que c'est la fin des portails magiques. C'est ce qu’apprennent les néophytes dans les livres d'apprentissage de l'écriture. Maintenant, tout le monde veut des histoires où le personnage principal est plongé dans le monde magique (ou de science-fiction) jusqu'au cou dès le début du roman.
Mais comme nous l'avons expliqué un peu plus tôt,  il y a des tas de choses étonnantes cachées derrière ce concept d'une personne ordinaire qui voyage vers un monde étranger. Il y a tant de moyens différents de raconter cette histoire, tant de métaphores cachées derrière une personne poussée dans un nouveau monde surnaturel. N'est-ce pas ce que nous faisons tous quand nous commençons à explorer ce type de romans ? Je pense que dans une certain mesure, c'est un concept que les fans de Science-Fiction et de Fantasy ont déjà trop vu, mais qui peut encore attirer fortement les néophytes.

6. Pas de voyage supraluminique
Oui, nos connaissances actuelles en physique semblent montrer qu'il est impossible de voyager plus vite que la lumière, peu importe ce que quelques neutrinos mystérieux ont pu faire ou pas. Et il y a un marché pour des fictions basées sur un respect des théories scientifiques, où les véritables difficultés d'explorer notre propre systèmes solaires seraient étudiées. Mais une nouvelle fois, c'est fantastique d'être capable de sauter dans l'hyper-espace, ou de passer en vitesse supraluminique, ou que sais-je encore. Et un peu moins de réalisme est peut-être nécessaire parfois, pour rajouter un peu de piment au voyage dans l'espace. La plupart d'entre nous ont grandis avec d'énormes Space Opera, dans lesquels le voyage interstellaire était d'une vitesse irréelle et saisissante. Et c'est toujours l'image de l'espace qui résonne dans le cœur de beaucoup de lecteurs. De plus, le voyage supraluminique rend beaucoup d'autres choses possibles, y compris des guerres spatiales et plus de premiers contacts avec des races étrangères.

7. Les femmes ne peuvent pas écrire de la Hard Science-Fiction
Il s'agit là d'une règle que la plupart des gens évitent de dire à haute voix, mais il semble que ce genre se réfère à des romans écrits pour la plupart par des mecs blancs. Et les femmes semblent plus attirée par de la Science-Fiction plus soft ou de la Fantasy. Et là, vous allez entrer dans un débat pour savoir si une écrivaine en particulier a vraiment écrit un roman de Hard SF. Dans une certaine mesure, ça vient des préjugés sur le type de personnes qui lit ce genre de romans, ce qui crée automatiquement des idées préconçues sur les gens qui les écrivent. Mais quand vous commencez à inclure la biologie ou l'informatique dans les sciences abordées, vous commencez à trouver beaucoup de femmes qui écrivent des romans de hard SF.

8. La magie doit juste être une part mineure d'un monde de Fantasy (Voir un article sur l'utilisation de la Magie)
Voilà un point que j'ai entendu il y a peu de temps, sans doute à cause du succès des romans de G.R.R. Martin, où la magie commence par une rumeur aux abords de Westeros, à laquelle peu de gens croient. C'est seulement plus tard que la magie commence à être connue de la plupart des personnages. Et c'est une approche vraiment brillante de la Fantasy, qui apporte un peu d'air frais. Mais ce n'est pas une raison pour écrire tous les romans de Fantasy de cette façon là à partir de maintenant. Il ne devrait pas y avoir une règle expliquant que la magie doit rester marginale dans un monde de Fantasy, pas plus que si disiez qu'il ne doit pas y avoir trop de vaisseaux spatiaux dans un Space Opera. La Magie doit être limitée, certainement, mais elle peut avoir des limites tout en étant centrale dans votre monde.

9. Pas de récit au présent
J'ai entendu beaucoup de gens dirent que l'utilisation du présent était rédhibitoire. Ça peut être déconcertant d'entendre le narrateur raconter des évènements comme s'ils étaient en train de se passer. Mais le présent marche aussi très bien pour rendre l'histoire plus immédiate. Si vous voulez utilisez le présent pour créer une ambiance noire et intense, lisez Sandman Slim, de Richard Kadrey.

10. Pas de personnages antipathiques (Voir un article pour réussir ses personnage antipathiques)
Il est sûrement vrai que si vous avez un personnage principal qui est un véritable salaud, vous aurez beaucoup de boulot pour le faire aimer aux lecteurs. Un personnage sympa est toujours plus facile à faire apprécier. Mais en même temps, vous contraindre à rendre agréable vos principaux personnages équivaut à mettre une camisole de force à votre imagination. Vous serez obligé de créer des personnages qui vont plaire à tous vos lecteurs, quel que soit le contexte culturel ou les comportements qu'ils vont avoir dans l'histoire. Et vous bridez fortement les actions qu'ils vont pouvoir faire dans l'histoire. Ce qu'il faut retenir, c'est que "sympathique" n'est la même chose que plaisant. Un personnage peut être antipathique mais fascinant et envoutant. Comme beaucoup de choses dans cette liste, tout est dans l'application. Si vous partez avec un personnage qui est fondamentalement antipathique, vous aurez beaucoup de travail pour que le lecteur s'attache à lui malgré tout.

Et vous, respectez-vous ces règles ou avez-vous décidé de les enfreindre dans votre manuscrit ?

Article original, en anglais : http://io9.com/5879434/10-writing-rules-we-wish-more-science-fiction-and-fantasy-authors-would-break

5 commentaires:

  1. Je ne suis pas d'accord du tout. J'ai lu des tonnes de romans, mais des tonnes, qui ne s'enferment absolument pas dans les règles citées ci-dessus. Je pense qu'il n'y a pas de recette, on peut on on ne peut pas écrire un bon roman de fantasy ou de science-fiction. Un best-seller ne tient qu'au génie de l'auteur et à son travail, pas à la personne, au temps de narration, ou encore au caractère du protagoniste.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Justement il faut les enfreindre pour le bon fonctionnement du roman, pour 'aider!

      Supprimer
  2. Ce sont JUSTEMENT des règles qu'ils faut briser, coco.... C'est le BUT de l'article! Enfin, pour ma part ça m'a bien été utile! Ça m'a permis de me rendre compte de certaines tendances et c'est bon à savoir!

    RépondreSupprimer
  3. Merci pour la liste! C'est une aide bien précieuse. Personnellement, j'enfreins régulièrement six à huit règles citées ci-dessus.

    RépondreSupprimer
  4. Briser les règles et codes d'écriture est une bonne chose je trouve. Après, pour ma part, le but n'est pas de briser juste des règles pour faire original mais d'écrire tout simplement en liberté et là je dis oui ^^

    RépondreSupprimer

Vous aimerez aussi :

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...