lundi 13 janvier 2014

Comment écrire un Best-Seller de Fantasy

Ecrire un roman de fantasy - Comment écrire un best-seller en fantasy
Cet article se moque de tous les clichés de la fantasy. Il a deux principaux intérêts.
Le premier c'est qu'il vise juste et que s'est vraiment marrant de se rappeler certains passages de romans sous l'angle de la dérision.
Le second, c'est que c'est toujours intéressant de comparer ce qu'on a écrit avec le pire du genre. C'est de cette façon qu'on se rend compte qu'on est tombé la tête la première dans les clichés les plus ridicules.

L'article originale est disponible ici : http://members.ozemail.com.au/~imcfadyen/fantasy.html

Je vous souhaite une bonne lecture

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Depuis le Seigneur des Anneaux, des romans de fantasy apparaissent régulièrement sur les listes des romans les plus vendus. Vous n'avez jamais pensé à en écrire un et à devenir l'auteur d'un best-seller ?

Et bien nous allons vous expliquer comment faire !

1. Créez le personnage principal
La plupart de vos lecteurs seront des hommes qui manquent de confiance en eux, alors faites de votre personnage principal un loser. Sans but, timide, lâche, malade, paresseux - n'importe lequel de ces adjectifs fera l'affaire. Vos lecteurs s'y identifieront immédiatement.

2. Créez une quête
Sortant de nul part, votre loser doit comprendre tout à coup que le sort du monde entier (ou d'un autre monde) repose entre les mains d'incompétents. Pour sauver le monde, il doit faire une tâche définie, se confronter à un ennemi sans nom, apprendre une compétence mystérieuse, etc...

3. Créez un groupe hétéroclite de compagnons
Votre Loser/Héros doit avoir un groupe hétéroclite de compagnons tirés de différentes races, par exemple un nain, un elf, un hobbit, etc...Chacun de ces compagnons aura une compétence spécifique comme le combat à l'épée, le lancé de lasso, le vol à la tire, la descente de tonneaux de bière, etc... Chacune de ces compétences servira à un moment précis de l'histoire.

4. Créez un guide sage mais inutile
Le Guide est un sage conseiller  qui sait tout de la quête, mais qui ne la révèle jamais complètement. Il a aussi l'air d'avoir d'immenses pouvoirs mais il ne les utilisera pas quand ils seront le plus utile.
(Voir la partie 7 : "Faites long")

5. Créez le monde
La première chose que le groupe hétéroclitique doit faire est de voyager sur des distances phénoménales, au travers d'un vaste assortiment de terrains et de climats. Tous les mondes de Fantasy ont toutes les formes de climat et de terrains imaginables - Montagnes, déserts, marais, glaciers, forêts - arrangés au hasard dans le paysage, à l'opposé de tous les principes de géographie ou d'écologie.

7. Faites long
Ce qui est important pour un roman de fantasy épique est que vos lecteurs doivent se sentir épuisé à la fin. Ils doivent avoir l'impression d'avoir à surmonter autant d'obstacles à lire le livre que le héros en a eu à faire la Quête. Le livre doit donc être aussi difficile à lire que possible. Pour ce faire :
   a. Racontez l'histoire en donnant des tonnes de détails. Décrivez chaque jour de voyage, ce qu'ils ont mangé, le temps qu'il faisait, où ils ont dormi, et concentrez-vous particulièrement sur les jours où il ne s'est rien passé.
   b. Remplissez chaque situation dramatique avec de longues introspections. A chaque moment de la crise, le héros doit minutieusement examiner ses sentiments, ses perceptions, son identité, etc...
   c. Ne prenez chemin la voie facile pour sortir d'une crise. Par exemple, si le conseiller magicien a de grands pouvoirs, il ne les utilisera jamais pour corriger un problème.

Un exemple concret :
     MAUVAIS
      Groll tourna sa tête effroyable et souleva son bâton noir pour frapper. "Utilise la pierre magique !" cria Stephen. "Ne t'inquiète pas" dit Gordian et le vénérable magicien leva l'orbe  et murmura les mots arcaniques : "Hastalavista". Un flash lumineux fusa, et le roi des trolls s'écroula dans un tas de bouillie gris-vert.

   BON
   Groll tourna sa tête effroyable et souleva son bâton noir pour frapper."Utilise la pierre magique !" cria Stephen. "Non" dit sagement le magicien. "Si nous utilisons la pierre magique pour faire du mal, nous allons seulement augmenter le pouvoir de l'Ennemi". Alors le bâton frappa, et le nain Gimlet tomba, fendu en deux.

C'est logique : si les magiciens utilisaient leurs pouvoirs magiques, ils n'auraient pas besoin du Loser/Héros pour les sauver, et le roman serait fini au bout d'une centaine de pages. Il est donc normal que même si les mages peuvent rendre des arbres vivants, appeler des esprits de la terre et du ciel, lancer des boules de feu et pétrifier tout ce qui bouge, ils aient besoin d'utiliser la ruse pour battre de stupides trolls.

Pour faire encore mieux :
8. Passez les passages difficiles
Bien que vous deviez écrire un roman aussi long que possible, certains morceaux sont juste trop difficiles à écrire. Un voyage d'un milliers de km à pied est long, mais facile à écrire. Des batailles, par contre, sont difficiles à écrire, parce qu'il se passe beaucoup de choses, et que vous aurez sans doute besoin de quelques connaissances en stratégie militaire. Donc, si vous êtes en train d'écrire une scène de bataille et que ça devient trop dur, contentez-vous de blesser votre héros et assommez-le.
Par exemple :
"Et tout à coup sa tête explosa, un brouillard l'enveloppa, et il se sentit tomber dans une noirceur intangible et éthérée. L'épée de Badcold tournoyait toujours dans les airs, mais semblait emprisonnée
dans le temps. Le bruit de la bataille sembla tout à coup venir de très loin, mais alors qu'il fermait les yeux et qu'il était englouti par le nuage noir, il lui sembla entendre des pleurs provenant d'un monticule herbeux : "Les toaster arrivent. Les toasteurs arrivent".

Fin du paragraphe. Ensuite votre héros se réveille sur une dalle d’albâtre blanche, dans une salle de soin, où une jeune guerrière pure (voir "personnages" ci-dessous), lui explique que la bataille est finie et, devinez quoi, ils ont gagné ! Résultat : vous avez évité 50 pages de descriptions militaires complexes.

9. Passez par une bataille cataclysmique
Bien que l'Ennemi ait des pouvoirs magiques, il y a toujours des raisons qui l'obligent à battre les gentils avec la bonne vieille méthode du combat au corps à corps. Les pouvoirs magiques que peuvent avoir les magiciens, les rois ou les reines n'ont aucun importance, ils vont toujours finir par charger en donnant des coups des coups d'épée tout autour d'eux. 

10. Tuez presque tout le monde
Le Loser/Héros doit arriver à son but, gagner du pouvoir, découvrir le mot secret ou n'importe quoi d'autre, au dernier moment, quand tout semble perdu. Pour y arriver, il faut le faire tomber et lui déboiter l'épaule, lui imposer une crise d'identité, le faire maudire, et je ne sais quoi d'autre, tout au long de sa quête. La plupart de ses compagnons doivent mourir dans d'atroces souffrances avant que le Héros ne se ressaisisse. De cette façon, le lecteur reste en colère contre l'Ennemi, alors que c'est la faute du Loser/Héros s'il est si lent et incompétent.

Ok, vous êtes bien partis, voyons quelques autres points cruciaux :

Les méchants sacrifiables
Il va être nécessaire de créer des méchants sacrifiables à pleines brouettes. Ce sont des orcs, des gobelins, des dragons, des nécromanciens ou toute autre créature que nous seront heureux de trucider par milliers. En général, ils sont noirs, velus, en sueur ou toute autre façon de les rendre inacceptables aux yeux de caucasiens de classe moyenne. Ils sont souvent déformés, en se basant sur le principe qu'un corps affreux abrite un esprit affreux. 
Note : Dans un monde fantasy, le concept de réhabilitation est inconnu. Tous les alliés, serviteurs, vassaux et instruments de l'Ennemi doivent être tués sommairement même s'ils ont servi leur maître par crainte.

Les Vieux Guerriers Robustes
Tous les romans de fantasy doivent avoir une fraternité de guerriers d'élite, pathologiquement loyaux. Ils sont toujours solides, sombres et ont des cicatrices livides, un œil manquant, seulement un bras, etc... Contrairement à la logique, plus ils ont été blessés, plus ils sont compétents au combat.

La Jeune Fille Pure et Guerrière
Les losers ont peur de la sexualité ou des femmes, alors les femmes de la fantasy sont si pures qu'elles font ressembler Jeanne d'Arc à Paris Hilton. Elles sont fortes, nobles, loyales, braves, de haute lignée, et en général, elles meurent à la fin. Et oui, que pourrait-on faire d'autre avec ? Elles sont trop effrayantes pour les épouser et personne ne fait l'amour dans les romans de fantasy.

Les types de corps
Les maigres sont rusés et intelligents. Les grands, forts comme des ours, sont invariablement idiots. 

La Technologie
Les mondes de Fantasy ont toujours des trous inexplicables dans leur technologie. Ils sont dirigés par des conseils de vénérables sages qui sont les gardiens de l'accumulation de connaissances sur des centaines d'années, et qui n'ont toujours pas inventé quoi que ce soit qui pourrait les aider contre des nécromanciens, des trolls ou des orcs (genre un 44 Magnum). Beaucoup de mondes de fantasy ont la capacité de travailler le métal, de faire des arbalètes, des catapultes et de concevoir des portes secrètes, mais n'ont pas de moyens de transport modernes.

Note : les mondes de fantasy n'ont pas d'économie. Très peu de personnes travaillent, il y a un peu d'agriculture, et la provenance de la nourriture n'est pas claire.

La Magie
Quand des magiciens lancent des sorts magiques, la magie du gentil est toujours bleue, et la magie du méchant est toujours rouge ou verte.

Les habitations
Il y a trois sortes d'habitation dans les romans de fantasy - les grottes, les huttes et les châteaux

Les grottes sont les meilleurs amis des écrivains de fantasy. C'est là qu'on trouve les armes cachées, les centres de sagesse, les cachettes des monstres, etc... Elles ont besoin d'un minimum de descriptions et peuvent être liées entre elles pour faire un labyrinthe. Et comme à Hollywood, toutes les grottes ont des étages.

Les grottes sont aussi très utiles si vous trouvez que vous avez coincé vos personnages face à un obstacle insurmontable, comme une montagne infranchissable, par exemple. Ça peut être résolu très facilement en emmenant votre groupe de compagnons sous terre. Quand ils émergeront du tunnel (après des jours à marcher dans le noir absolu), ils vont se retrouver miraculeusement de l'autre coté de la montagne infranchissable. L'écrivain aura aussi évité d'écrire 50 pages de descriptions détaillées (il n'y a pas grand chose à voir dans une grotte obscure).

Les huttes se trouvent toujours dans des endroits éloignés. Tout ceux qui vivent dans des huttes sont simples et bons.

La forteresse de l'Ennemi
Le Loser/Héros peut éventuellement pénétrer dans la forteresse de l'Ennemi. Ce n'est jamais particulièrement difficile à faire. Les sentinelle de la forteresse ne sont jamais alertées et le Loser/Héros peut toujours s'approcher à moins de 20 pieds de l'installation la plus fortement guardée sans être repéré.
Même la forteresse la mieux guardée a toujours une petit porte qui n'est pas gardée, par où sortent les ordures. Une fois à l'intérieur du Château de l'Ennemi, il y a seulement une poignée de gens qui se promènent occasionnellement. Le Loser/Héros sera capable de pénétrer droit dans le sanctuaire de l'Ennemi sans être détecté.
Note : l'erreur fatale de l'Ennemi sera toujours d'avoir été trop confiant. 

C'EST TOUT CE QUE VOUS AVEZ BESOIN DE SAVOIR. 

Alors mettez-vous à écrire et commencez votre nouvelle carrière de romancier de fantasy épique.

5 commentaires:

  1. C'est terrible xD! Mais c'est vraiment drôle :D

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  2. C'est tellement exagérée que sa en devient drôle, un peut trop clicher et pas original je trouve.

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    1. Oui, l'objectif c'est bien que ce soit drôle. L'article permet aussi de créer une réflexion, en vous demandant si dans votre propre roman vous n'avez pas utilisé l'un de ces clichés éculés. Ca ne veut pas dire pour autant qu'il faut débarrasser votre roman de tous les clichés, mais il faut être conscient de ce qu'on écrit et des réactions que peuvent avoir les lecteurs, pour faire les meilleurs choix.

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  3. Belle collection de clichés, et malheureusement pour moi, je m'y reconnais (un peu) plus souvent qu'à mon tour. Rien de tel que forcer le trait pour se rendre compte du ridicule de ce que l'on peut parfois écrire ! Enfin, faire ou refaire, c'est toujours travailler...

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  4. Il manque le point 6.
    par ailleurs, je ne suis pas d'accord avec cette phrase : "Contrairement à la logique, plus ils ont été blessés, plus ils sont compétents au combat."
    Je ne pense pas qu'on naisse compétent au combat, on le devient. C'est un peu comme un écrivain. J'imagine qu'un bon écrivain a écrit plus de merdes qu'un mauvais écrivain.
    Ben pareil pour un combattant. Pour devenir bon, faut s'en prendre plein la gueule. Il faut perdre des combats et y survivre, avant de commencer à en gagner. Sinon, c'est qu'on ne combat que contre des faibles, et on ne progresse pas, ou de moins pas autant que si on se bat contre au moins aussi fort que soi.

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